Compte rendu synthétique de l’Assemblée diocésaine préparé par l’Administration Diocésaine



Ce qui suit est un compte rendu synthétique de l’Assemblée Diocésaine qui s’est tenue le 30 mars 2013 à la cathédrale Saint Alexandre Nevski à Paris. Il a été préparé par l’Administration Diocésaine. Au total la séance a duré quatre heures. L’assemblée réunissait cent quatre-vingt-huit personnes. Et vingt-quatre personnes se sont exprimées (parfois à plusieurs reprises). Les intervenants provenaient de toute l’étendue de l’Exarchat (France, Pays Bas, Norvège, Danemark, Royaume Uni, Belgique) L’Assemblée Diocésaine a été ouverte par le chant du tropaire « Roi Céleste » et un mot d’accueil de S. Em. le Métropolite Emmanuel. L’Assemblée a été de fait dirigée par un bureau : le Métropolite Emmanuel - président (ex officio en sa qualité de Locum tenens), le P. Jean Gueit - vice-président, le père André Fortounatto - modérateur, M. Michel Sollogoub - secrétaire.
Son Eminence le Métropolite Emmanuel de France a donné lecture de son discours d’introduction aux travaux de l’Assemblée :

Introduction par Son Eminence le Métropolite Emmanuel de France

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
« Jésus sortit et s’en alla dans un lieu désert et là, il pria » (Mc 1, 35). Telles sont les paroles évangéliques que nous avons entendues ce matin à la Liturgie. Si le Seigneur prie comme un homme, essayons de prier comme le Seigneur, c’est-à-dire dans le silence et la paix, dans l’inspiration du Saint-Esprit, qui reste intimement lié à l’œuvre du Fils. Prier, c’est parler. Prier, c’est dialoguer. Et inversement, par la parole, par le dialogue, nous devons manifester la prière, sinon tout du moins l’esprit de la prière, en nous écoutant les uns les autres, en nous respectant les uns les autres. Sans ces conditions, il ne peut y avoir ni assemblée, ni communion, ni Église, ni liberté. Aussi, chers Pères, Frères et Sœurs en Christ, j’ai l’honneur de présider cette assemblée diocésaine. Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er m’a instamment demandé de vous transmettre sa bénédiction paternelle et ses prières patriarcales à l’occasion de cette assemblée. Il forme le vœu que la présente rencontre se déroule dans la paix afin que l’avenir de l’Exarchat témoigne de la gloire du Christ et de son Eglise.
D’aucuns pourraient être troublés des changements intervenus ces dernières semaines dans l’ordre du jour. J’entends parfaitement vos inquiétudes. Je vous remercie d’ailleurs de m’en avoir informé, soit individuellement, soit collectivement. J’en ai pris connaissance avec beaucoup d’attention, soyez-en certains. J’ai aussi remarqué qu’ils étaient contradictoires, certains vindicatifs, d’autres d’une tonalité plus aimable, voire relevant d’un désir constructif. Je regrette seulement que certaines personnes aient été manipulées, que l’utilisation de leur nom se soit fait contre leur volonté, comme eux-mêmes ont pu me le témoigner. Je prends donc l’occasion de vous répondre, en rappelant tout d’abord quelques faits connus de tous.
Son Éminence, l’Archevêque Gabriel de Comane, a annoncé au Conseil de l’Archevêché, le 8 janvier 2013, sa décision de partir à la retraite pour raison de santé. Il convient d’exprimer toute notre reconnaissance à son Éminence, l’Archevêque Gabriel, pour son dévouement pendant ces nombreuses années. Prions pour lui, pour sa santé. Prions pour son rétablissement et ne l’oublions pas. Une fois sa demande de mise à la retraite acceptée par le Saint Synode du Patriarcat Œcuménique, j’ai eu l’honneur, sur la proposition du Conseil de l’Archevêché, d’être nommé Locum tenens. Dès lors, je n’ai eu de cesse, avec tous les membres du Conseil de l’Archevêché, de préparer la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire en vue de la désignation d’un nouvel Archevêque, ainsi que les statuts le prévoient.
Conformément à la procédure établie, trois candidats ont effectivement été présentés à Sa Sainteté, le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er. Ces candidats étaient : l’Archimandrite Syméon Cossec, l’Archimandrite Job Getcha et l’Archimandrite Grigorios Papathomas. Vous comprendrez aisément que je ne pouvais, en mon âme et conscience, signer la liste en l’état, dans la mesure où elle représentait partiellement une entorse flagrante aux statuts. En effet, le dernier candidat, à ce jour, ne fait pas partie de l’Exarchat, et encore moins du Patriarcat Œcuménique. Certes, nombre de paroisses ont manifesté leur désir de voir paraître l’Archimandrite Papathomas sur les listes. Néanmoins, ce dernier a affirmé à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique ne jamais avoir déposé sa candidature, reconnaissant lui-même qu’il ne remplissait pas les critères d’une telle élection. Aussi, je souhaiterais vous rappeler en substance ce que j’ai eu l’occasion de dire le 17 mars 2013.
En effet, ma charge de locum tenens, qui consiste avant tout dans l’organisation des élections du nouvel Archevêque, me contraint à faire en sorte que ces élections soient parfaitement transparentes, inattaquables sur le plan juridique et canonique, afin de préserver au mieux l’intégrité de notre archidiocèse. À mon sens, les conditions d’une telle intégrité n’étaient pas respectées. Aussi, au cours de l’audience avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er, ce dernier a constaté le manque de consensus autour des candidatures et donc de la procédure qui avait été suivie. En effet, il va de soi que la diversité d’expression à l’intérieur de l’Exarchat soit garantie, néanmoins, elle ne peut se faire au détriment des règles et des statuts qui régissent son administration spirituelle. À cela, j’aimerais ajouter que l’on ne peut tenir le gouvernail de l’Église en utilisant pour se diriger un compas à géométrie variable. C’est-à-dire que le respect des règles vaut pour tout et pour tous, et non pas uniquement lorsque cela nous agrée. Il en va de notre sérieux et de la cohérence que nous entendons donner à la réalité que nous représentons. Aussi, Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er, devant les difficultés que nous avons rencontrées dans l’établissement d’une liste, a émis la proposition qui vous a été distribuée. Je vous en cite les principales phrases et laisserai à l’archiprêtre Jean Gueït, ainsi qu’à monsieur Michel Sollogoub le soin de vous en expliquer les termes, dans la mesure où c’est à eux qu’une telle lettre est adressée.
« Après avoir donc examiné la question avec la due attention, par notre présente Lettre patriarcale, nous proposons à vous et à l’Assemblée clérico-laïque ce qui suit : que Son Éminence le métropolite Emmanuel de France, nommé locum tenens de votre Exarchat, continue d’assumer provisoirement les fonctions et les responsabilités qui lui reviennent, en sa qualité de notre Exarque patriarcal. En même temps, que sur votre proposition, notre saint-synode élise une personne appropriée pour lui servir d’évêque auxiliaire, et pour satisfaire aux besoins religieux et liturgiques des croyants de vos Paroisses, dans leur langue et leur tradition maternelles.
« Nous portons cette proposition à l’attention du Conseil archiépiscopal de notre Exarchat et attendons son avis là-dessus pour la suite à donner, en vue de faire toutes les démarches prévues à cet effet, concernant aussi, le cas échéant, le Règlement régissant l’existence et le fonctionnement de notre Exarchat patriarcal. »
La proposition de Sa Sainteté le Patriarche est l’expression d’une attention pastorale à l’égard de l’une de ses entités ecclésiales. Le Patriarcat Œcuménique est donc dans son rôle en garantissant le lien de communion ecclésiale entre l’Exarchat et le plérome de l’Eglise, tout en sauvegardant les spécificités de l’Exarchat, comme décrites dans le Tomos patriarcal de 1999. Nous devons donc avoir confiance, confiance dans son jugement, confiance dans son amour, confiance dans son discernement. Je vous appelle donc à recevoir cette proposition comme un don. Au contraire, la rejeter en reviendrait à rejeter le Patriarcat lui-même, ainsi que l’inscription canonique qu’il offre paternellement à l’Exarchat. Je ne dis pas cela pour vous effrayer, mais pour que vous preniez la mesure de votre responsabilité non seulement par rapport à une telle proposition, mais aussi par rapport à la préservation de la vie de l’Eglise et de son intégrité.
La proposition patriarcale répond par conséquent à un état de force majeure, impliquant que ma nomination en tant que locum tenens soit prolongée en tant qu’Exarque jusqu’à l’élection du nouvel Archevêque. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’Archevêché, il n’y avait pas d’évêque vicaire en fonction pouvant être à la fois locum tenens et candidat à l’élection archiépiscopale. C’est un fait, qu’il faut se résoudre à reconnaître. Aussi, la proposition patriarcale vous invite, dans la mesure où les statuts ne le permettent pas, à me renouveler votre confiance afin que je puisse mener à bien la mission dont vous m’avez chargé. Pour m’aider dans cette tâche, un évêque vicaire me sera désigné afin d’assurer le bon déroulement de la vie liturgique des paroisses de l’Exarchat.
En d’autres termes, la proposition que nous allons immédiatement discuter entend temporairement, et je le répète une nouvelle fois, temporairement, jusqu’à l’automne prochain, permettre l’élaboration des conditions favorables en vue d’une élection en bonne et due forme d’un Archevêque légitime et non pas comme certains le craignent la fin de l’Exarchat et encore moins son intégration à la Métropole grec-orthodoxe de France. Lorsque vous avez proposé que je sois nommé locum tenens, vous m’avez manifesté votre confiance et je ne souhaite pas vous décevoir en ne remplissant pas ma mission. Au cours de cette période transitoire, la vie de vos communautés ne changera en rien, elle sera toujours centrée autour de la célébration de la divine liturgie et des offices sacrés, comme à votre habitude. Je serai particulièrement attentif à ce que votre tradition liturgique et spirituelle soit protégée.
Votre tradition est russe, par ses racines. C’est un fait dont nous avons conscience et nous réjouissons. Mais elle dépasse les seules limites du monde slave, dès lors que cette tradition s’incarne comme un modèle permettant de rassembler dans une seule et même paroisse des fidèles d’origines très diverses. Votre tradition liturgique permet donc d’intégrer la réalité multiethnique de l’Orthodoxie en France. D’ailleurs, au sein même de notre Métropole, nous possédons des paroisses qui suivent le typikon slave, justement pour les raisons que je viens d’évoquer, car il permet de faciliter la cohabitation d’orthodoxes d’origines diverses. J’ose penser que cette tradition, notamment lorsqu’il s’agit de nos communautés de la diaspora, n’est pas l’apanage de certains, mais qu’elle est l’héritage de tous les fidèles. J’en ai personnellement fait l’expérience lors de mes années d’étude à l’Institut Saint-Serge, voilà pourquoi il me semble indispensable de la protéger avec ouverture et sans fondamentalisme.
J’espère que, par ces quelques mots, vous aurez compris que non seulement je connais votre Exarchat, notre Exarchat, mais que je l’estime pour son apport essentiel sur le plan théologique et liturgique à la vie de l’Orthodoxie. J’ose même vous dire que j’aime votre Exarchat à cause de son histoire et surtout à cause des pierres vivantes qui le composent. Aussi, c’est dans un esprit apaisé qu’avec discernement nous devons construire ensemble le futur de l’Exarchat. Pour ce faire, je vous invite donc à la discussion, afin que nous puissions tirer les conséquences d’une telle situation, afin que vous disiez ce que vous attendez de votre prochain Archevêque.
Aussi, je vous propose que nous organisions les débats en deux temps : 1. Questions sur la proposition patriarcale, 2. Questions sur les principaux thèmes que vous souhaitez envoyer en réponse au Patriarche.
Pour organiser au mieux les prises de parole, je vais demander au Père André Fortounatto, s’il l’accepte, de bien vouloir en être le modérateur. Ces discussions feront ensuite l’objet d’une synthèse préparée par le Conseil de l’Archevêché et qui sera transmise par mes soins à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée. À partir de cette synthèse, le Conseil de l’Archevêché et moi-même nous nous consacrerons à la préparation de nouvelles élections.
Avant de céder la parole au Père Jean Gueit et à Michel Sollogoub, je laisse à notre méditation ces paroles de Saint Ignace d’Antioche, dans sa lettre aux Smyrniotes, afin que nous nous rendions bien compte de la responsabilité commune qui est la nôtre aujourd’hui, par rapport à la proposition émise par sa Sainteté le Patriarche : « Que là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu. » (Smyr. 8, 2) En ce sens, nous ne pouvons dissocier entre le respect qu’il convient d’avoir à l’égard du peuple de Dieu et celui à l’égard de ses serviteurs, son clergé, qui œuvre inlassablement en sa faveur.
Amen et que Dieu vous bénisse !
Que nos travaux soient inspirés et constructifs !
Je donne, sans plus attendre, la parole au Père Jean Gueït qui, en guise d’introduction va vous lire un message du Père Boris Bobrinskoy, doyen dans l’ordination des clercs de l’Archevêché, qui souhaitait s’adresser à vous.

Lettre du Père Boris Bobrinskoy

Votre Eminence, cher Monseigneur Emmanuel, chers frères et sœurs membres de l’Assemblée Générale de notre Archevêché,
C’est avec une grande émotion que je m’adresse à vous aujourd’hui en tant que doyen du clergé de notre Archevêché.
Malheureusement mon âge (88 ans) et mon état de santé ne me permettent pas de me déplacer de Bussy-en-Othe en Bourgogne où j’habite désormais pour assister et participer à notre Assemblée Générale Diocésaine qui a comme tâche de mettre en place l’Assemblée Générale Extraordinaire qui procèdera à l’élection du futur Archevêque succédant à Monseigneur l’Archevêque Gabriel qui a dû se démettre de ses fonctions pour raison de santé et que nous assurons tous de notre profonde affection et reconnaissance.
Je voudrais avant tout exprimer mon respect et ma profonde confiance à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, ainsi qu’au Métropolite Emmanuel qui est actuellement le locum tenens de notre Archevêché et qui a la lourde charge d’assurer provisoirement la direction des affaires courantes de notre Diocèse et en particulier de préparer la prochaine Assemblée Générale Diocésaine Extraordinaire.
J’estime qu’il faut accepter la proposition de Monseigneur Emmanuel de remettre à l’automne prochain la convocation de cette Assemblée Générale Extraordinaire. Le délai de 8 mois peut certes paraître excessif, étant donné notre impatience légitime ainsi que l’urgence de l’élection du futur Archevêque de notre Diocèse. Ce délai est pourtant nécessaire afin de pouvoir mûrir le choix des candidats à la succession de notre Archevêque. Cherchons à surmonter nos divisions internes et nos passions. Etant donné la diversité des origines de membres de nos paroisses, ainsi que la tradition de notre Archevêché depuis bientôt 80 ans, nous demandons humblement à Sa Sainteté notre Patriarche Œcuménique de conserver d’une façon maximale les statuts de notre Archevêché tels qu’ils furent reconnus et adoptés dès le début de notre existence.
-Prions pour que l’Esprit Saint nous inspire tous pour le bien de l’Eglise0, qui est sans nul doute l’ultime désir de vous tous ici présents dans un esprit de paix et de confiance Prions aussi que l’intégrité de notre Archevêché soit conservée malgré la diversité de nos opinions. Protopresbytre Boris Bobrinskoy
Le P. Jean Gueit lit le texte de la proposition patriarcale soumise à l’Assemblée.

Texte de la proposition de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée

Numéro de protocole n°161
Au très révérend protopresbytre du Trône Œcuménique Jean Gueit, vice-président, à Monsieur Michel Sollogoub, secrétaire du Conseil de l’Archevêché des paroisses de tradition russe en Europe occidentale, enfants bien-aimés dans le Seigneur, que la grâce et la paix de Dieu soit avec vous.
Il incombe à Notre Mère la sainte Grande Église du Christ et à notre humble personne de veiller à assurer la stabilité les Eparchies, des Exarchats, des Monastères, et des autres établissements ecclésiastiques et caritatifs relevant de sa juridiction. Conformément à cette obligation, nous avons évalué les consultations que nous avons eues lors de votre visite à notre Centre sacré en qualité de délégués des paroisses de tradition russe en Europe occidentale, afin de chercher la personne appropriée à qui confier les charges de notre Exarque, pasteur et protecteur des croyants desdites paroisses, pour succéder à Son Éminence l’archevêque Gabriel de Comane, démissionnaire pour des raisons de santé.
Après avoir donc examiné la question avec la due attention, par notre présente Lettre patriarcale, nous proposons à vous et à l’Assemblée clérico-laïque ce qui suit : que Son Éminence le métropolite Emmanuel de France, nommé locum tenens de votre Exarchat, continue d’assumer provisoirement les fonctions et les responsabilités qui lui reviennent en tant qu’Exarque patriarcal. En même temps, que sur votre proposition, notre saint-synode élise une personne appropriée pour lui servir d’évêque auxiliaire, et pour satisfaire aux besoins religieux et liturgiques des croyants de vos Paroisses, dans leur langue et leur tradition maternelles. Nous portons cette proposition à l’attention du Conseil archiépiscopal de notre Exarchat et attendons son avis sur ce sujet pour suite à donner et, le cas échéant, faire aussi, à cet effet, toutes les démarches prévues concernant le Règlement régissant l’existence et le fonctionnement de notre Exarchat patriarcal, et tout ceci toujours en relation avec notre Humble Personne et le Saint et Sacré Synode pour examen et décision finale. Sur ce, nous dispensons notre bénédiction paternelle et patriarcale au pieux clergé et aux ouailles, en invoquant sur vous la Grâce et l’infinie Miséricorde de Dieu.
Le 4 mars 2013
+ Bartholomaios de Constantinople, fervent intercesseur auprès de Dieu
Le P. Jean fait ensuite ses observations. Il explique notamment pourquoi la proposition de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée 1er est adressée, par l’intermédiaire de Son Eminence le Métropolite Emmanuel, à lui-même et à Michel Sollogoub : après appel à candidatures auprès des paroisses, une discussion des candidatures a été organisée au sein du Conseil de l’Archevêché. Elle a abouti, après un vote auquel ont pris part tous les membres du Conseil, dont Mgr Emmanuel, à ce que trois candidatures soient retenues. Il avait été indiqué que cette proposition serait transmise au Phanar par Fax sans qu’il soit utile de la porter physiquement au Phanar. Néanmoins, après que Son Eminence le Métropolite Emmanuel ait fait savoir qu’en conscience il ne pouvait pas signer la lettre d’accompagnement de la liste, Père Jean et Michel Sollogoub ont demandé à être reçus par Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée 1er. Ils l’ont été avec Son Eminence le Métropolite Emmanuel, le samedi 23 février. Après les avoir écouté s’exprimer, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée a fait oralement la proposition dont le Père Jean a donné lecture, reçue sous sa forme écrite le 4 mars dernier. Le Père Jean en vient ensuite à apporter des éclaircissements sur deux formules utilisées dans le communiqué de l’Administration Diocésaine du 6 mars : « la liste (des candidats....) n’a pas été agréée par Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomée » ainsi que l’expression relative aux "conditions de sérénité qui ne seraient pas réunies". De nombreux commentaires parus sur divers sites ont en effet révélé interrogations et désarroi sur ces deux points. P.Jean a donc expliqué que la formule « n’a pas été agréée » exprimait délicatement le fait que la liste n’a pas été examinée par le saint synode comme il se devait. Les « conditions de sérénité non réunies » faisaient écho à la formule « manque de consensus » que son Eminence le métropolite Emmanuel a employée lors de son homélie du 17 mars. P. Jean a ensuite expliqué que le même communiqué du 6 mars a suscité également une large incompréhension concernant les propositions du Patriarche, incompréhension consécutive à une imprécision de traduction de ladite proposition.
Michel Sollogoub n’a rien à rajouter sur le fond sauf pour souligner que, à plusieurs reprises lors de cette visite, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée a souligné son désir de voir maintenue l’intégrité de l’Archevêché sous l’omophore du Patriarcat Œcuménique.
Un large débat s’engage ensuite et permet à tous les membres de l’Assemblée qui le souhaitaient de s’exprimer. Certains intervenants demandent des éclaircissements sur la proposition patriarcale, d’autres disent leurs inquiétudes ou manifestent une claire opposition au projet alors que d’autres encore affirment leur soutien ou font des propositions complémentaires.
• Les demandes d’éclaircissements sur la proposition de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée, sans y être opposées, ont porté sur des incompréhensions notamment sur le mode de désignation ou sur le rôle de l’évêque auxiliaire dont il est question dans la proposition, sur l’articulation entre le changement des statuts et la désignation d’un nouveau candidat à la charge archiépiscopale.
• D’autres intervenants ont exprimé des inquiétudes qui ont concerné le caractère légal de la procédure envisagée (est-elle conforme à la loi ?) sur le risque de démantèlement de l’Archevêché, sur le silence au sujet du refus de certains candidats.
• Certains se sont exprimés de façon critique au sujet de la proposition patriarcale : ils ont reproché au Patriarcat Œcuménique et à l’Administration Diocésaine de ne pas avoir tenu compte des statuts et d’avoir remplacé une AGE en vue d’élire un Archevêque par une simple Assemblée Diocésaine sans pouvoir et sans intérêt car sans capacité de décision. Ils ont réclamé le respect scrupuleux des statuts et ont dénoncé le coup de force ainsi opéré.
• Des propositions alternatives ou complémentaires à la proposition patriarcale ont été formulées : tenir une AGE fin juin en prolongeant de six semaines le mandat du "locum tenens", élire tous les candidats inscrits sur la liste transmise au Phanar comme évêques auxiliaires, reprendre la liste établie par le Conseil de l’Archevêché et poursuivre le processus là où il a été arrêté. On a également observé que si l’une des candidatures à l’Archiépiscopat n’a pas été retenue exclusivement pour des raisons d’incompatibilité statutaire (critère juridique pur) les « propositions » du patriarcat devraient être considérées également en fonction des considérations canoniques. Il conviendrait alors de convoquer une AGE fin juin pour modifier les statuts et une seconde AGE en novembre pour l’élection. Il a été aussi proposé de hiérarchiser les éléments contenus dans la proposition patriarcale et de n’accepter que la première (à savoir que le "Locum tenens" prolonge son service en qualité d’Exarque) dans l’immédiat, les autres (à savoir la désignation d’un évêque auxiliaire et la modification des statuts) impliquant la convocation d’une assemblée générale.
• D’autres, enfin, ont apporté leur soutien à la proposition patriarcale. En restant fidèles à l’esprit du Concile de Moscou, auquel tous les statuts dans l’Archevêché font référence, ils ont exprimé le point de vue selon lequel la situation exceptionnelle appelait une solution exceptionnelle et ont exprimé leur gratitude à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée pour le soin et la protection qu’il a apportés à l’Exarchat ainsi que pour la solution temporaire qu’il a proposée. Il conviendrait de répondre à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée : Son Eminence le Métropolite Emmanuel prolonge son service pour administrer l’archevêché de façon temporaire, car il ne faut pas que la vie du diocèse s’arrête trop longtemps, en qualité d’Exarque patriarcal, c’est-à-dire représentant du Patriarche et non tête du diocèse. Cette nomination courrait jusqu’à la réunion d’une AGE, le 1er novembre 2013, qui aura pour objet d’élire le nouvel Archevêque. Son Eminence le Métropolite Emmanuel ferait "temporairement fonction d’évêque diocésain", comme c’est l’usage dans l’Eglise russe et dans le Patriarcat Œcuménique. La désignation d’un évêque auxiliaire et la modification des statuts, qui nécessitent la convocation d’une Assemblée Générale, sont laissées à la décision du Conseil de l’Archevêché conformément aux statuts.
Dans le cours de la discussion Michel Sollogoub, secrétaire du Conseil de l’Archevêché, a été amené à préciser la démarche de l’Administration Diocésaine : la circulaire du 26 janvier servant de convocation a été envoyée 10 jours après le départ de Mgr Gabriel conformément aux statuts qui exigent que l’ordre du jour d’une assemblée soit envoyé aux communautés et paroisses deux mois avant la date prévue pour l’Assemblée. De fait, l’envoi a été fait trop tôt car l’Administration Diocésaine n’était pas encore en possession d’une liste de candidats, mais elle était tenue par les statuts. L’Administration Diocésaine reconnait avoir fait les choses à l’envers et demande pardon. En vue de réussir l’AGE a été introduite la formule attirant "l’attention sur l’importance exceptionnelle de l’Assemblée et sur la nécessité pour tous d’être présents". Elle s’explique par le fait que le Conseil de l’Archevêché, à l’époque, redoutait que le quorum nécessaire pour la tenue d’une AGE (50% des personnes invitées à y prendre part) ne soit pas atteint. Il s’agissait donc d’inciter les personnes à venir pour obtenir ce quorum.
D’autre part, sur la transformation de l’AGE en Assemblée diocésaine : selon les statuts, l’AGE ne peut être convoquée que pour trois raisons : l’élection d’un Archevêque, la modification des statuts et la dissolution de l’Association. On comprendra l’embarras de l’Administration Diocésaine : pas de liste de candidats, pas d’élection possible, pas d’AGE, mais la tradition d’échange et de débat de l’ Archevêché a conduit à reporter l’AGE et à la remplacer par cette Assemblée diocésaine permettant à chaque délégué de s’exprimer sur la proposition de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée comme d’ailleurs c’était explicitement mentionné par lui dans sa proposition.
Son Eminence le Métropolite Emmanuel dans ses interventions s’est constamment référé à la proposition patriarcale dans laquelle beaucoup d’éléments sont précisés : ainsi, la nomination de Son Eminence le Métropolite Emmanuel comme Exarque est temporaire, de fait jusqu’au 1er novembre prochain ; la désignation d’un évêque auxiliaire se fera sur proposition de l’Exarchat conformément à ses règles et la modification des statuts se fera, le cas échéant, toujours en conformité avec les dispositions statutaires. Celles-ci trouvent leur légitimité dans le Tomos du Saint Synode du Patriarcat Œcuménique, qui en est le garant, et ses modifications seront toujours à faire en collaboration avec lui. Le Conseil de l’Archevêché est chargé de la rédaction de la réponse à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée dans l’esprit de ce qui vient d’être dit.
L’Assemblée Diocésaine s’est terminée vers 14h10 par le chant de l’hymne à la Mère de Dieu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Aussi, la proposition patriarcale vous invite, dans la mesure où les statuts ne le permettent pas, à me renouveler votre confiance..."

Lisez le texte figurant dans la version anglaise du feuillet de l'exarchat.

Le texte en anglais est :

"Secondly, the Patriarchal proposal invites you, to the extent that the statutes permit, to renew your confidence in me ..”

Laquelle est la bonne?

J'ai fait cette remarque sur deux forums. Mais cela - j'en suis désolé - mon observation agace au lieu de m'apporter une réponse. Peut-être aurez-vous une autre attitude? Gueorguy

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