Octobre 2013 - Au sujet des critères d'élection épiscopale

«Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu?»


Depuis quelques semaines, le site internet de l’Archevêché présente le curriculum vitae de chaque candidat à l’archiépiscopat dirigeant.

La notion de curriculum vitae n’apparaît pas dans les statuts de l’Archevêché ou dans les sources canoniques de l’Église orthodoxe. Elle ne constitue pas, pour autant, une entorse à la Tradition, mais révèle néanmoins le «portrait robot» du candidat idéal que se figurent les concepteurs de ce modèle de c.v.

Derrière les renseignements objectifs que donnent sur leur vie les trois candidats, il faut lire également les critères subjectifs des rédacteurs du modèle de c.v. qui, en quelque sorte, constitue une forme de questionnaire.

Au-delà des renseignements fournis par les candidats, la notion de c.v. normalisé pose aussi la question des silences du questionnaire. N’y avait-il – n’y aurait-il – pas d’autres questions à poser à nos frères candidats dont l’un deviendra, sous peu, l’archevêque dirigeant des Églises orthodoxes russes en Europe occidentale?

Pour une carrière sportive, le c.v. reprendrait naturellement des caractéristiques physiques que l’on ne s’attend pas nécessairement à voir dans le c.v. d’un homme politique ou d’un employé du secteur privé…

Quels sont les critères que la tradition ecclésiale a mis en avant pour l’élection de ses pasteurs?

Sans prétendre exposer ici la théologie de l’Église sur l’élection des ministres ordonnés, nous proposons deux mises au point.

Tout d’abord, il convient de se rappeler que l’évêque est, avant tout, le pasteur par excellence de la communauté ecclésiale qui lui est confiée. C’est donc la qualité pastorale qui est le premier élément à considérer, dans l’élection épiscopale. En ce sens, les rédacteurs du c.v. normalisé ont certainement eu raison d’omettre cette rubrique; en effet, il est probablement impossible de faire état de son sens pastoral, surtout si l’on doit soi-même le mettre en avant! L’expérience pastorale est une chose, la manière dont on s’en est acquitté en est une autre.

Dès lors, le témoignage de tierces personnes s’avère nécessaire pour se faire un avis sur le sens pastoral intrinsèque à l’expérience pastorale.

À la lecture du modèle de curriculum vitae proposé aux candidats, une deuxième mise au point s’impose. Dans la vie en Christ, nous sommes tous sur un chemin long et ardu; certains Pères ont comparé l’ascension vers le Seigneur à la montée d’une échelle (cf. S. Jean Climaque). Dans l’ascension vers le Seigneur, c’est la direction dans laquelle on va qui importe, non la position dans laquelle on se trouve. Aux yeux du Seigneur, l’origine d’une personne importe peu, donc elle devrait importer peu aux yeux des fidèles du Christ que nous sommes appelés à être.

En revanche, l’ultime échelon de l’Échelle Sainte, selon Jean Climaque, est l’amour. C’est un critère encore plus difficile à modéliser dans un curriculum vitae. C’est pourtant la seule question que le Seigneur ressuscité a posée à Pierre, au moment de son appel à devenir pasteur: «Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? (…) Pais mes brebis» (Jean 21).


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